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Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 56.djvu/638

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Favorite de la Tiare,
Dont la sainte faiblesse a dompté le Barbare.

O toi, qui, fendant le vieux mur,
Fis jaillir le miracle et chanter le flot pur ;

Eveilleuse des mélodies
Qui dorment au profond des âmes engourdies ;

O Beata Odilia,
Que la suave Esther dans le ciel envia ;

O colombe des solitudes,
Amante des sapins balsamiques et rudes ;

O præclara Ghristi sponsa,
Qu’une chaste rosée ici-bas arrosa ;

Ornement des stances latines.
Rose d’avant la Faute, ô rose sans épines ;

O dominatrice des temps
Qui n’as jamais ployé le front sous les autans,

Dieu te garantit de la chute,
Douze siècles, pour toi, ne sont qu’une minute :

Dans ta crypte aux murs froids,
A jamais l’encens brûle et se joignent les doigts ;

O toi, gardienne de l’Alsace,
Qui restes immuable en un monde où tout passe.

Rocher que n’atteint pas le pic,
Fille de Béreswinde et fille d’Adalric ;

Exauce, ô sainte, ma prière,
Favorise mon vœu d’un sourire, ô ma mère !

De ta grâce épanche les eaux !
Et sois, les bras ouverts à tes enfants jumeaux,

Dans l’avenir meilleur promis à la vaillance,
Patronne de l’Alsace et patronne de France)

ALFRED DROIN.