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Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 56.djvu/913

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en outre exportatrice de sucre et de coton, sources de sa richesse.

Il nous reste à parler de son climat incomparable qui se caractérise par la périodicité et la continuité des vents, de la température et de l’humidité. Quelle que soit leur origine, les vents se transforment dans la vallée du Nil en faibles courants alternatifs du Nrrd aii Sud ; le khamsin, vent sec et chaud du désert, ne se manifeste qu’un printemps pendant peu de jours et ses effets sont négligeables. Quant à la température, son écart moyen n’est pas supérieur à 16°8. On observe au Caire des moyennes générales variant de 12° en janvier à 29° en juillet ; les brouillards et les pluies sont extrêmement rares. (25 jours en moyenne par an). « Ainsi donc, dit M. Delprat, que nous nous plaisons à citer, pas de tempêtes, pas de grêles, peu ou pas de maladies cryptogamiques. Ce sont là des conditions climatériques qui laisseraient rêveur notre paysan de France. Son étonnement serait encore plus profond si on lui disait : il ne pleut jamais, ou presque jamais, et pourtant, le fellah a toujours de l’eau en quantité suffisante au moment où elle est nécessaire, grâce au Nil. »


LE NIL

L’Egypte, a dit Hérodote, est un « don » du Nil. Rien ne saurait exprimer d’une façon plus imagée l’influence du Fleuve, sur la fortune du pays qui lui doit sa richesse. Il suffit, pour s’en convaincre, de se rendre compte des effets désastreux d’une faible crue, ainsi que des bienfaits qu’apportent les hautes eaux. Objet de l’adoration des anciens, le Nil n’a que tout récemment révélé le mystère de ses sources et de ses crues. Nous savons qu’il sort du lac équatorial de Victoria à 5 580 kilomètres de la Méditerranée, ce qui le place parmi les plus grands fleuves du monde, après le Mississipi et l’Amazone. Sa crue annuelle provient pour une faible part des pluies équatoriales, emmagasinées par les lacs et marais régulateurs du centre de l’Afrique, et surtout des pluies torrentielles de l’Abyssinie ; les premières se manifestent en roulant des eaux vertes chargées de détritus organiques. Cette inondation est bientôt suivie de la crue éthiopienne qui arrache aux plateaux volcaniques et granitiques de l’Abyssinie le limon rouge dont les