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pense ici, je suppose, qu’aux intérêts extérieurs, ce critérium nous conduirait déjà à fausser la balance de nos rapports avec les nations étrangères, en attribuant plus de poids qu’il ne convient à une donnée confessionnelle, ou en préjugeant, des catholiques d’autres pays, plus d’entr’aide qu’ils ne sont en situation ou en disposition de nous en offrir. Il nous aliénerait, en revanche, des sympathies utiles. Il nous exposerait à nous mêler d’affaires qui ne nous concernent point : j’ai peine à croire, par exemple, que nous ayons le moindre intérêt à suivre, autrement qu’en spectateurs, les conflits entre catholiques slovaques et socialistes tchèques, entre « Populaires » italiens et partis constitutionnels. Il nous ferait un peu plus victimes du mirage de la dissociation du Reich allemand, par la vertu centrifuge, ou censée telle, du catholicisme bavarois. Il pourrait même aboutir à nous faire prendre le change sur le degré de sérieux, ou même sur le degré d’innocuité, que présentent politiquement les Internationales catholiques écloses en si grand nombre depuis deux ans, pour la jeunesse, l’âge mûr, les œuvres sociales, la réconciliation des peuples, et sait-on quoi encore ? Il finirait par nous ramener tôt ou tard, par choc en retour, à la tragique antithèse entre la France de la Révolution et l’autre. Bref, on a peine à imaginer une conception à la fois plus bornée et plus funeste, j’entends funeste même et surtout aux intérêts de la « reprise » avec le Vatican.

Même en la matière circonscrite qui forme le sujet de cette étude, généraliser serait téméraire. Sans doute, en Asie-Mineure et dans le Levant, certains liens très anciens entre le catholicisme et la politique française ont conservé toute leur force : et là donc nous pouvons trouver de l’avantage à ce que les Eglises orientales entrent en communion avec le Siège romain. Ailleurs, et par exemple en Jugoslavie, la paix religieuse importe particulièrement à l’homogénéité et à la santé morale de l’Etat : si l’influence du Saint-Siège s’emploie à rendre les rapports entre les deux Rites de plus en plus fraternels, et surtout à déjouer les intrigues contraires, elle s’exercera dans un sens conforme à la fois à ses intérêts et aux nôtres.

En revanche, sur les confins occidentaux de l’ancienne Russie, pour apprécier si nous trouverons notre compte aux progrès de la réconciliation des deux Eglises, il faudrait savoir au préalable comment nous mettrons d’accord notre politique