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Page:Revue des religions, Vol 1, 1892.djvu/312

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IS-ṬU-BAR — GILGAMÈS

avec les bêtes et se plaisait avec les reptiles en ses ébats[1]. Eabani est souvent figuré sur les monuments, à peu près tel que nous le trouvons ici dépeint, comme une espèce de monstre, à la barbe inculte, à la crinière flottante, avec la tête et le buste de l’homme, les cornes, la queue et les pieds du taureau, portant les attributs de la virilité.

Or, Zaïdu, le grand chasseur, s’étant posté à l’affût, plusieurs jours de suite, aux environs de la source, aperçut enfin Eabani. À la vue d’un pareil monstre, Zaïdu recula d’épouvante et rentra chez lui plus mort que vif[2].

Il s’en vint trouver son père pour lui confier sa peine. Il lui conta quelle frayeur fut la sienne, au jour où il se rencontra face à face, inopinément, avec Eabani, ce héros venu des cieux, ce suivant d’Anu, ce monstre étrange, qui erre sur les monts et fraye avec les bêtes… Il se plaignit de ses empiétements. Eabani n’était-il pas venu chasser sur ses terres ! Il avait comblé ses fossés et enlevé ses filets. Même il avait poussé l’audace, jusqu’à lui arracher le gibier des mains. Voici que maintenant, à cause d’Eabani, il ne pourrait seulement plus battre la plaine ![3]

Le père, en cette occurrence, conseilla à son fils Zaïdu de se rendre à Uruk, auprès de Gilgamès, afin de le saisir du délit. Sans doute, Gilgamès, le héros puissant, lui ferait justice et donnerait remède à sa peine[4].

Zaïdu courut donc en toute hâte à Uruk. Là, en

  1. Tab. II. Col. II, 1. 36-41.
  2. Tab. II. Col. II, I. 42-50.
  3. Tab. II. Col. III, I. 1-12.
  4. Tab. II. Col. III, I. 13-24.