Page:Revue des religions, Vol 2, 1892.djvu/123

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Rentré dans Uruk, après une aussi cruelle déception, Gilgamès ne paraît pas avoir repris goût à la vie. Dans son isolement, plus vive lui revint la douleur. qu’il avait ressentie de la perte de son ami, plus grande aussi sa frayeur devant cette perspective d’une mort désormais inévitable. Dans son esprit inquiet, interminablement, il roulait les mêmes pensées sombres, pleurant tour à tour sur Eabani et sur lui-même, car, la pitié n’allait point en lui sans égoïsme, et le souvenir deson ami lui remettait sans cesse sous les yeux l’image de la mort. Plus de doute, il aurait lui aussi, Gilgamès, le même sort déplorable qu’Eabani. Mais quel était donc ce sort qui l’attendait ? quelle était au juste la condition des morts dans l’autre vie ? S’il pouvait savoir seulement... ! Ainsi, en cette âme primitive, aux sentiments mêlés de pitié et d’égoïsme, venait se joindre