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Page:Revue des religions, Vol 2, 1892.djvu/56

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aussitôt suivie d’une débandade effroyable. On eût dit d’une gigantesque bataille, où l’armée des vents ennemis se ruait, d’une ardeur insensée, sur l’humanité en déroute. Dans cette course folle, le frère ne reconnaissait plus son frère. Tous les hommes étaient emportés pêle-mêle par le noir tourbillon. Bientôt, du ciel on ne distingua plus la terre. Alors, les dieux eux-mêmes prirent peur... Craignant d’être atteints par les vagues montantes jusque dans leurs retraites inaccessibles, ils se réfugièrent dans les hauteurs du ciel, demeure d’Ami. Ils se tinrent là tremblants, accroupis, comme des chiens à l’attache dans un chenil. [1]

« A la vue du déluge immense, Istar se mit à geindre comme une femme en couche. Elle s’écria dans sa douleur, la reine des dieux, la bonne déesse : « Voici que l’humanité est retournée en poussière, par ma faute, car c’est moi qui ai médit de mon peuple dans l’assemblée des dieux ; oui, par ma faute, car c’est moi encore qui ai déclaré cette guerre de destruction. Hélas ! hélas ! où sont-ils ceux que j’ai enfantés ? Comme du menu fretin, il remplissent la vaste mer [2]. »

« Les dieux, voire même les Anunnaki, se lamentèrent avec elle sur le sort de la pauvre humanité. Maintenant, ils se repentaient d’avoir fait le déluge. Ils étaient tous là immobiles, versant des larmes et se couvrant les lèvres en signe de deuil. [3]

« Durant six jours et six nuits, le vent ne cessa de soufller, la tempête redoubla de violence... Cependant aux approches du septième jour, le vent se ralentit, la tempête parut s’apaiser. Il touchait à sa fin, ce combat

  1. Tab, XI, l. 109-116.
  2. Tab.XI, l. 117-124.
  3. Tab. XI, l.125-127.