LA LECTURE EXPLIQUÉE AUX EXAMENS
DU PROFESSORAT DES ÉCOLES NORMALES
Il y a cinq ans était publié dans la Revue pédagogique (numéro d’octobre 1892) l’extrait d’un rapport que nous venions d’adresser à M. le ministre, comme président du jury d’examen, sur la session ordinaire du certificat d’aptitude au professorat des écoles normales et des écoles primaires supérieures (aspirants : ordre des lettres).
À propos des épreuves orales, voici ce que nous disions alors de la Lecture expliquée :
« En ce qui concerne l’épreuve de lecture expliquée, on constate sur certains points un progrès notable. Les candidats ont presque entièrement renoncé aux longs préambules biographiques, ainsi qu’aux hors-d’œuvre dont ils étaient autrefois coutumiers, alors que, sous prétexte de replacer dans l’ensemble de l’œuvre les quelques lignes qu’ils avaient à étudier, ils entamaient, de l’ouvrage où le passage était pris, une diffuse et interminable analyse, dont le moindre inconvénient était de ne plus leur laisser ensuite le temps nécessaire pour l’explication même du texte qui leur était proposé.
Un autre progrès est encore désirable. Trop peu nombreux nous ont paru les aspirants qui savent analyser convenablement un texte, le décomposer en ses différentes parties, en dégager les idées principales et les idées accessoires, montrer comment l’auteur a su les développer, les lier et passer de l’une à l’autre, faire comprendre l’art des transitions, de façon à tirer de cet exercice pour les élèves d’utiles indications en vue de la composition littéraire. Souvent le candidat se borne à paraphraser le texte : il se croit obligé de le reprendre ligne par ligne ou vers par vers, traduisant sans nécessité dans des termes naturellement moins heureux ce que dit l’auteur, s’arrêtant à une expression très claire pour la remplacer par un synonyme, parfois même par un autre mot qui n’est plus d’une parfaite exactitude. À plus d’un aspi-
