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EN ALGÉRIE
(NOTES DE VOYAGE)
Suite et fin.


Fort-National, 22 mars. Conférence pédagogique.

La journée sera sérieusement occupée : une conférence pédagogique doit réunir les instituteurs et les institutrices de la contrée ainsi que les adjoints et moniteurs indigènes : convoqués pour 9 heures, tous sont exacts au rendez-vous. M. le recteur nous présente l’inspecteur primaire de Tizi-Ouzou, M. Regulato : c’est un ancien professeur au collège de Bone et qui, je crois, n’appartient que depuis peu à l’enseignement primaire.

La réunion se lient à l’école de Fort-National. Le sujet traité est celui-ci : De l’instruction et de l’éducation des indigènes. M. Regulato rend compte des compositions en général, il loue le travail consciencieux, la connaissance du sujet, l’esprit d’observation et de méthode dont elles témoignent, puis il lit quelques-unes des copies, les meilleures. Je les résumerai, à cause de l’intérêt particulier d’une foule de questions qu’on n’a pas à examiner dans les écoles de France.

Le premier devoir lu est celui de M. D., directeur de l’école de Miran chez les Beni-Djennad[1]. M. D. demande que le Coran suit enseigné dans les écoles indigènes ; il y voit un excellent moyen d’atténuer, sinon de dissiper, les susceptibilités des familles qui redoutent pour leurs enfants le contact unique de nos instituteurs. Un taleb viendrait dans chaque école, à une heure et durant un temps qui resteraient à fixer, faire lire et apprendre aux élèves le Coran, c'est-à-dire la loi religieuse, politique et civile de l'islam.

  1. Les Beni-Djennad habitent les pentes méridionales de la chaîne de montagnes qui sépare la vallée du Sebaou de la mer. À tort ou à raison ils passent pour les Béotiens du pays berbère ; leur naïveté est proverbiale, et l’on raconte sur leur compte beaucoup d’anecdotes piquante ; dont il serait peut-être difficile de prouver la vérité.