Page:Revue pédagogique, second semestre, 1890.djvu/291

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
281
NÉCROLOGIE : Mme DE FRIEDBERG

la province, d’élèves de l’école de Fontenay, etc. M. Félix Pécaut, Inspecteur général, était chargé de représenter le ministre de l’instruction publique. Après la cérémonie religieuse, le cortège s’est acheminé vers le cimetière Montmartre, où M. Pécaut et M. Perrier, professeur à l’école des Batignolles, ont successivement pris la parole.

Nous reproduisons le discours de M. Pécaut.

 « Messieurs, Mesdames,

Appelé par M. le ministre de l’instruction publique à l’honneur de le représenter dans cette triste cérémonie, j’ai à porter pour ainsi dire le poids d’un double deuil : celui de l’Université qui perd un de ses serviteurs les plus anciens, les plus dévoués, les plus distingués, et celui de l’école de Fontenay, qui pleure sa directrice.

» J’ai à peine besoin de rappeler les services que Mme de Friedberg a rendus successivement comme inspectrice des écoles maternelles, comme directrice de l’école primaire supérieure de filles de Paris, et jusqu’en 1880 comme directrice de l’école normale d’institutrices de la Seine. Ces fonctions diverses, toutes délicates à remplir, elle s’en acquitta à son honneur ; et si elle eut parfois à traverser, avec le pays lui-même, des années ingrates, elle sut toujours mériter, avec l’estime de ses supérieurs, l’affection et le respect des élèves, tour à tour petits enfants, jeunes filles de treize à seize ans et jeunes institutrices. En parcourant ainsi l’un après l’autre tous les degrés de l’âge et de l’enseignement primaire, en vivant de longues années dans un commerce direct et assidu avec les classes populaires, elle se préparait sans le savoir à remplir un poste tout nouveau, l’un des plus élevés et, à le bien prendre, des plus difficiles de l’enseignement public. En 1880, M. Jules Ferry lui confia la direction de l’école de Fontenay.

» Aujourd’hui, l’école compte déjà dix années d’existence ; et, par une rare fortune, elle n’avait encore vu disparaître aucun de ses fondateurs. La mort vient de frapper son premier coup ; et ce coup est le plus cruel qui nous pût atteindre ; il est irréparable.

» Nous étions accoutumés depuis si longtemps à voir souffrir Mme de Friedberg que nous avions presque cessé de concevoir de l’inquiétude à son sujet. Il nous semblait que dans cet organisme si profondément miné, il restait encore des ressources inépuisables de vitalité. Ne l’avions-nous pas vue, au lendemain des crises les plus aiguës, apparaître à l’improviste, souriante et active, toute à tous et à tout, prenant intérêt aux leçons, aux événements de l’intérieur, aux efforts quotidiens des élèves et à leurs succès de classe ? Nous nous laissions aller à croire à une sorte de perpétuelle résurrection… L’illusion est maintenant dissipée, et nous voici, hélas ! devant un cercueil !

» Quel grand vide elle laisse dans cette maison qu’elle a tant aimée