Page:Revue pédagogique, second semestre, 1892.djvu/172

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

univers. La vertu de l’homme a pour objet la pratique constante et affectueuse de ses devoirs, tant envers Dieu qu’à l’égard des autres hommes et de lui-même. C’est la philosophie qui nous rend savants, c’est la religion qui nous rend vertueux : courons à l’une et à l’autre école ; que notre esprit et notre cœur fassent un progrès égal. » L’abbé prévoit sans doute l’objection qu’on pourrait lui faire en lui rappelant qu’il s’agit d’un enfant tout au début de ses études, car il s’écrie : « Ne vous y trompez pas, il (son disciple) m’entend ; son âme est accessible aux vérités les plus hautes, son courage s’enflamme, il me suivra partout. » C’est fort heureux, car à un tel maître il faut un élève exceptionnellement doué. Poursuivant le cours de leurs études, ils vont lire ensemble l’abrégé de l’histoire universelle, en ayant soin de tirer des faits les leçons qu’ils comportent. « L’étude des révolutions de l’univers est pour nous un exercice moral, un amusement philosophique. » Ils passent en revue les personnages historiques, distribuent le blâme et l’éloge, et ne s’en laissent pas imposer par l’éclat d’une vaine gloire. « Déjà les conquérants injustes, ces faux grands hommes que l’univers soumis adora, viennent nous rendre compte de leur vie ; nous les couvrons de confusion, nous savons leur dire que la vertu seule a droit à notre hommage : que nous n’érigeons point en vertu une folle valeur qui méconnait ses devoirs les plus saints, qui viole les droits les plus sacrés de la société. » Au contraire, ils paient un juste tribu d’éloge aux vrais héros, aux princes « qui firent les délices de leurs peuples », aux hommes généreux « qui donnèrent leur vie pour la défense de la patrie ou pour les intérêts de la vérité ». Et qu’on ne craigne pas qu’il ne reste dans l’esprit de l’enfance que des notions assez vagues après ce coup d’œil jeté d’en haut sur l’histoire des peuples : l’abbé de Pons assure que son disciple n’a aucune répugnance à charger sa mémoire du texte historique sur lequel on a ainsi exercé son jugement. Après l’abrégé de l’histoire universelle viendra l’histoire particulière de la nation. « Nous verrons naître notre monarchie ; nous suivrons sa fortune d’âge en âge, nous étudierons et le fond et la forme du gouvernement français ; nous pénétrerons dans la politique de nos rois ; nous examinerons leurs véritables intérêts, tant par rapport à leurs sujets que par rapport aux puis-