Page:Revue pédagogique, second semestre, 1905.djvu/120

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Oberlin


Il semble que tout ait été dit sur Oberlin. La vie et l’œuvre du célèbre pasteur du Steinthal ont beau être une riche matière, plus de cent ouvrages ou articles ont dû suffire à l’épuiser. Ces objections, M. Edmond Parisot se les est faites à lui-même et s’il a persisté à écrire, sur Jean-Frédéric Oberlin, un nouveau livre[1], c’est qu’elles sont plus spécieuses que solides.

En effet, d’une part tout n’était pas dit, et, d’autre part, ce que l’on disait d’ordinaire n’était pas précisément ce qu’il aurait fallu dire. Il y avait dans des documents inédits, notamment dans les nombreux papiers laissés par Oberlin, toute une mine à exploiter. Ces abondantes ressources ne devaient pas seulement permettre d’ajouter à ce que l’on savait, mais encore de rectifier certaines narrations qui, nées « d’un désir immodéré d’apologie, n’avaient rien de scientifique ».

Voici déjà doublement justifié, en même temps que défini, le dessein formé par M. Parisot. — Mais encore, dira-t-on, ce projet devait-il être conçu ? rien ne le prouve tant que nous ignorons si Oberlin mérite les honneurs d’une thèse de doctorat, ce doctorat fût-il d’Université !

Entrons donc plus avant dans la pensée du jeune auteur, car M. Parisot est jeune, très jeune même, et si cette circonstance doit nous disposer à une indulgence dont il n’a que rarement besoin, elle relève aussi singulièrement des qualités que les plus vieux pourraient lui envier. C’est ainsi qu’il est modeste : je suis bien obligé de le dire, car cela aide à comprendre quel but il s’est proposé.

Faisant profession d’aimer la pédagogie (cela ne va pas sans un certain courage), il aurait pu se laisser séduire au plaisir

  1. Edmond Parisot : Un éducateur mystique, Jean-Frédéric Oberlin (1740-1826), 1 vol. in-8o, Paris, Henry Paulin, 1905.