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OBERLIN

Cette conviction s’est plutôt affermie en lui qu’ébranlée avec l’âge. En 1786 il s’inquiète de savoir « si les esprits sont occupés, s’ils ont des professions, des arts et métiers comme sur terre, s’ils vivent dans des villes ou villages comme ici ».

Il n’ignore pas d’ailleurs que « Stuber est encore pasteur dans sa seconde vie ».

N’a-t-il pas avec l’autre monde des relations suivies et sa chère femme, après qu’il l’a perdue, ne se montre-t-elle pas fréquemment à lui ?

Au fait, pour ce visionnaire qui entretient commerce avec les esprits, à qui il a été donné d’entendre la voix de Dieu, nos morts n’ont pas cessé tout à fait d’être parmi nous, et nous-mêmes nous sommes déjà un peu chez nous, là-haut.

Ainsi s’effacent les frontières qui séparent le naturel du surnaturel, ou plutôt c’est dans le domaine de celui-ci que celui-là va s’incorporer. Oberlin paraît s’être fortement attaché à la parole évangélique : « Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père ». Il a voulu que toutes les parties de la maison fussent belles et dignes du maître auquel elle appartient. Ministre d’un Dieu bienveillant aux hommes et qui « habite parmi eux », il a cru que la plus sûre manière d’obéir à ses intentions était de s’efforcer à les rendre meilleurs et plus heureux.

Ayant jusqu’à un certain point matérialisé sa représentation de la vie future, il a pu, sans cesser de se sentir enveloppé d’une atmosphere de surnaturel, travailler d’une façon pratique et utilitaire aux œuvres d’éducation et de moralisation. C’est par là qu’il peut paraître si voisin de nous, encore que par ailleurs il en demeure si distant. C’est par là aussi qu’il mérite les éloges que M. Parisot lui a décernés « et qu’il a droit à l’admiration de l’humanité, objet constant de sa sollicitude et de ses efforts ».