Page:Revue pédagogique, second semestre, 1909.djvu/176

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qui s’expatrient, et il n’est malheureusement que trop certain qu’une bonne proportion de ceux qui s’y résignent ne le font que sous la pression des événements.

Les conditions sont fort différentes aujourd’hui, bien qu’elles ne soient pas encore tout à fait satisfaisantes, mais la mauvaise impression subsiste. On ne se risque pas à faire venir des professeurs de France et l’on emploie des Américains, ce qui est beaucoup plus sûr et évite tout désagrément.

L’emploi de l’Américain pour l’enseignement du français a du reste, dans l’opinion de certaines personnes, des avantages importants, ce qui est une troisième cause de la rareté des professeurs français aux États-Unis.

Il existe deux théories au sujet de l’enseignement des langues vivantes : les uns prétendent qu’on ne peut bien enseigner que sa langue maternelle ; les autres que le professeur doit avoir la même langue maternelle que ses élèves, afin d’assurer leur parfaite compréhension réciproque.

La seconde de ces théories prévaut en beaucoup d’endroits aux États-Unis, et outre qu’elle est contraire à nos intérêts, elle est, de l’avis de beaucoup, fausse dans son principe.

Ce n’est pas le lieu de discuter ces théories, car il ne s’agit pas de convertir le public français à l’une ou à l’autre. Il suffit de constater la difficulté et de trouver un moyen de la vaincre. Ce moyen sera, pour les candidats français, de posséder une connaissance aussi étendue que possible de l’anglais, et d’en savoir toujours assez pour comprendre des élèves et être à même de leur donner, dans leur propre langue, les explications nécessaires.

En résumé, c’est un triple problème qu’il s’agit de résoudre :

D’abord, vaincre la répugnance que les Français ont à émigrer et faciliter leur départ ;

Vaincre les préjugés et les défiances des chefs d’institution en leur garantissant la valeur morale et la capacité professionnelle des candidats qu’on leur propose ;

Mettre enfin le futur professeur dans les meilleures conditions possibles pour bien remplir la fonction à laquelle il sera appelé.

Quelle sera l’organisation qui répondra à ce triple besoin ?