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REVUE PÉDAGOGIQUE

élèves-maîtres ou instituteurs de France, cet orgueil ne saurait tenir longtemps devant ces professeurs qui descendaient des plus hautes chaires pour se mettre si simplement à leur portée. S’ils avaient pu être grisés de leur savoir hâtivement acquis et dûment constaté par des concours, ils n’auraient pas tardé à apprendre là qu’il faut toujours apprendre, qu’il n’y a pas de science toute faite ni faite une fois pour toutes. Aussi s’offraient-ils à nos leçons à la fois avec une docilité charmante et avec une avidité qui nous ravissait. « Quelle bonne terre à ensemencer : » disions-nous souvent. Et puis, dans cette terre, tous les terroirs de la vieille France avaient mis un peu de leur saveur. Penser en commun, sentir et s’exprimer diversement, selon ses traditions et sa race, c’est une des formes de l’unité nationale que nos grandes Écoles ont la fonction de conserver.

Le cadre de cette vie scolaire avait été choisi à souhait : une grande maison, simple et confortable, à l’orée d’un parc sans rival, en arrière d’une terrasse dont l’horizon incomparable semble fait pour élargir les idées. Point de clôtures, ni de barrières, que morales. Avec un minimum de règlement, la liberté et les obligations qu’elle comporte pour qui se respecte et respecte sa maison. Avec cela, la proximité de Paris ; les ressources offertes à la curiosité scientifique par la visite des établissements industriels ou des services publics ; pour les délicats, la possibilité d’aller entendre une parole éloquente, écouter un des chefs-d’œuvre de l’art ou de la poésie ; le rayonnement du grand foyer, sans le risque de s’y consumer.

S’oublier aux souvenirs « le Saint-Cloud, ce n’est pas oublier M. Jacoulet. Les deux ne font qu’un d’ailleurs ; dans le tableau qu’on vient d’esquisser, l’image du Directeur n’est ni au centre, ni à l’arrière-plan, elle est partout. Les professeurs le trouvent à la porte de leur salle de conférences, leur demandant un avis, leur donnant au besoin un de ces conseils brefs et discrets qui, pour eux, remplacent avec avantage les instructions et les circulaires. Les jeunes gens sont habitués à le voir au retour de leurs Joyeuses promenades, où sur le seuil de leurs études ; il vient mettre, quand il le faut, le hola à leurs batailles d’idées, et leur rappeler que les plus belles discussions ont une fin. Il sera, le soir, assis au milieu d’eux pour diriger avec un goût très sûr