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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, II.djvu/424

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On a objecté l’impossibilité de trouver une mesure pour les grandeurs psychiques : d’où l’on a conclu à la stérilité d’une psychologie mathématique. L’objection serait juste s’il s’agissait d’appliquer le calcul à des états concrets ; mais il ne s’agit ici que de déterminer des rapports et nullement de mesurer, d’après un étalon fixe, les états de conscience eux-mêmes.

On ajoute que les rapports dont s’occupe la psychologie sont plutôt qualitatifs que quantitatifs, que ces derniers ne se laissent pas isoler. Remarque exacte à beaucoup d’égards, mais qui ne vaudrait que contre un système tendant à absorber dans les mathématiques la psychologie tout entière.

M. Volkman von Volkmar reconnaît que jusqu’ici les essais ont pris pour point de départ des hypothèses trop simples et trop systématiques, qu’ils ont été trop calqués sur les problèmes de mathématiques pures, qu’un certain nombre de questions difficiles ont été trop légèrement traitées ; mais il soutient que la méthode de Herbart est la seule qui ouvre la voie vers des problèmes inaccessibles à toute autre méthode et il ajoute que jusqu’ici cette méthode a reçu trop peu de développement, que son histoire a été trop courte pour qu’on ait le droit de la juger.

En somme, le Manuel de Psychologie dont nous venons de parler, nous paraît se recommander aux lecteurs à un double titre :

Il nous offre un résumé clair et complet des doctrines psychologiques de l’école de Herbart, interprétées d’une manière indépendante. La discussion qui précède, sur la méthode mathématique, nous en offre un exemple. Nous y avons un peu insisté parce qu’en même temps qu’elle nous fait pénétrer dans la partie essentielle et originale de la psychologie herbartienne, elle nous montre le système de critique libre de M. de Volkmar.

On y trouve classés avec ordre une quantité de renseignements et de doctrines qui font de ce livre une sorte d’histoire de la psychologie, utile pour les travailleurs de toutes les écoles.

Comparé aux publications récentes de Wundt, de Horwicz, de Brentano dont nous avons parlé ici, le Lehrbuch der Psychologie se distingue par un trait capital : c’est que la psychologie, au lieu d’être conçue nettement comme science naturelle, s’appuie sur la métaphysique. C’est d’ailleurs là une thèse fondamentale dans l’école de Herbart. Par suite, on ne s’étonnera pas que l’auteur, malgré son immense érudition, ne fasse pas assez d’emprunts aux physiologistes : à ce titre quelques chapitres (les anomalies dans les fonctions du moi, les hallucinations, le sommeil, etc.), nous ont paru un peu maigres.

Th. Ribot.