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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, II.djvu/46

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n’est nullement question ici d’un dualisme, d’une existence indépendante des deux facteurs, mais seulement d’une distinction nécessaire entre deux côtés différents dans l’être un et universel. On constate simplement que le monde existant ne peut être expliqué ni par une idée sans force ni par une volonté sans idées ; que, par conséquent, il faut reconnaître dans l’être métaphysique du monde les deux côtés (la force ou la volonté, et l’idée ou la représentation absolument inconsciente) comme étant également indispensables et également primordiaux (ne pouvant pas être dérivés l’un de l’autre). En admettant ces conséquences, Frauenstaedt accepte par là, de fait, ma coordination de la volonté et de la représentation inconsciente, qu’il rejette nominalement et qu’il blâme comme le défaut principal de la philosophie de l’inconscient, comparée au système dé Schopenhauer.

J’ai donc montré que les prétendus deux défauts principaux de mon essai de développement du système de Schopenhauer, à savoir l’admission d’une représentation absolument inconsciente et la coordination de cette dernière avec la volonté, existent également dans l’essai de transformation de Frauenstaedt. Les accusations élevées contre moi à ce sujet sont donc nulles et non avenues, ou bien elles atteignent l’œuvre de ce philosophe aussi bien que la mienne. Il a seulement omis de s’exprimer clairement sur les principes derniers de son point de vue, ce qui permet de conclure qu’il n’en a pas eu nettement conscience. Il voit bien la nécessité de réformer entièrement le système de Schopenhauer, mais il ne voit pas qu’il est obligé d’embrasser forcément le point de vue de la philosophie de l’inconscient, s’il maintient l’idéalisme objectif après avoir éliminé l’idéalisme subjectif, ou bien d’en venir au point de vue du naturalisme antitéléologique (matérialisme ou pluralité de la volonté de Bahnsen) s’il élimine également l’idéalisme objectif. En fait, Frauenstaedt est encore plus éloigné de ce dernier point de vue que Schopenhauer, et pour ces dernières questions de principe sa transformation ne se distingue de la mienne que par une certaine hésitation et incertitude dans l’expression. Il a peur de regarder les problèmes franchement en face, et, après les avoir bien résolus, il n’ose pas appeler le résultat par son vrai nom.

Comme démonstration ultérieure de ce que j’ai avancé, j’appelle encore une fois l’attention sur ce fait que, d’après Frauenstaedt, la substance et le but de la volonté universelle sont réellement l’Idée, c’est-à-dire l’anticipation idéale de l’avenir. C’est exclusivement dans l’idée absolue, accompagnant la volonté absolue, qu’on peut chercher cette sagesse inconsciente, si supérieure à toute la sagesse