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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, II.djvu/474

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qui continue à recevoir la même lumière qu’auparavant, apparaît immédiatement grise. Si nous substituons à la vitre rouge une vitre verte, elle apparaît rouge.

L’explication de cette illusion est dans l’inconscience.

« Tous nos sens sont dirigés vers la connaissance de l’extérieur, et nullement vers celle de leurs modifications objectives. Car dans la lutte pour l’existence, c’est de cette connaissance plus ou moins parfaite que dépendent nos plus ou moins grands avantages. Or, un de nos moyens de connaissance à l’égard des objets, ce sont les couleurs. Nous nous sommes donc exercés à reconnaître les couleurs à travers les modifications de la lumière ambiante. Celle-ci est entièrement variable suivant l’aspect et la disposition des nuages, l’état de l’atmosphère, la couleur des objets qui réfléchissent ou réfractent la lumière solaire, enfin pour mille raisons. Nous savons, par exemple, que la lumière du soleil levant est rose, que celle du soleil couchant est rouge ; que par un temps d’orage, elle prend une teinte sinistre toute particulière. Ces variations, nous sommes habitués à en faire abstraction. Nous dégageons la lumière réfractée de la couleur particulière du milieu réfringent. De même nous reconnaissons la couleur réfléchie des objets en faisant abstraction de la couleur propre de la substance réfléchissante. Ainsi nous reconnaîtrons les différentes couleurs d’une tasse en porcelaine dans son image réfléchie par une table d’acajou poli. De là nous avons fini par savoir juger du vert à travers le rouge. Physiquement parlant, le vert vu à travers du rouge doit paraître grisâtre ; mais notre jugement redresse cet effet : quand nous voyons que le gris qui frappe notre œil est perçu à travers le rouge, nous en concluons que ce gris provient nécessairement du vert, car le vert seul est vu gris à travers le rouge… Nous jugeons verte l’ombre qui en réalité est grise, uniquement parce que nous nous figurons la voir à travers la lumière rouge, puisque le rouge est la couleur ambiante…

« Cette expérience si saisissante, on l’a variée de mille façons. Qu’on prenne un carré de papier rouge de la grandeur d’une feuille de papier de poste ordinaire ; qu’on pose par-dessus une feuille de