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ch. richet. — qu’est-ce que la physiologie générale ?

y a des polyzoa, il y a aussi un véritable zoon à existence bien réelle, avec une unité véritable, due à un système nerveux.

De même que, dans un gouvernement fédéral, les assemblées provinciales, douées d’une certaine autonomie, n’empêchent pas qu’il y ait un État véritable, une collectivité qui a un centre responsable, de même, chez les êtres supérieurs, ces myriades de cellules, indépendantes en une certaine mesure, sont cependant soumises au pouvoir central (le système nerveux), qui règle la nutrition, c’est-à-dire la quantité d’oxygène et d’aliments qu’elles ont à consommer, ainsi que le départ des produits d’excrétion, et la température. II est clair qu’en réglant la nutrition des cellules, il règle ainsi leur irritabilité.

Selon le point de vue où l’on se placera, on sera tenté d’attacher plus ou moins d’importance, tantôt à l’autonomie, tantôt à la dépendance réciproque des cellules, mais il est impossible de nier, comme essaye de le faire M. Durand de Gros, qu’il y ait dans le système nerveux certaines régions qui commandent les autres, par exemple, dans le bulbe rachidien, le nœud vital, qui tient sous sa dépendance les mouvements respiratoires et l’excitation du cœur, point de confluence pour toutes les excitations qui viennent de la périphérie, et pour toutes celles qui viennent des centres cérébraux supérieurs. C’est dans le bulbe que les stimulations des vaso-moteurs se réunissent. C’est là aussi que les stimulations des sécrétions et de la température se concentrent. En un mot c’est un centre, très limité quant au nombre des cellules qui le constituent, extrêmement important quant à son effet sur l’organisme. Évidemment ce pouvoir central laisse une certaine autonomie aux autres parties ; mais cette autonomie n’est que relative, puisque la plus faible excitation retentit puissamment, par l’action du bulbe, sur tous les éléments de l’être vivant.

V

Rapports de l’irritabilité avec la nutrition et l’état chimique.

Mouvement, décharge électrique, changement chimique, phénomène thermique, phénomène lumineux, phénomène psychique, on peut admettre que toutes les manifestations de l’activité cellulaire sont sous la dépendance d’une seule et même cause, à savoir la modification chimique qui suit l’excitation. Autrement dit les phénomènes multiples qui se produisent dans les différentes cellules