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Page:Rocco - Alcibiade enfant à l’école, 1866.djvu/67

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ALCIBIADE


des garçons un complément de son existence imparfaite, une source capable d’éteindre ses ardeurs, il perdrait sa liberté, son génie, son activité ; il serait le plus misérable, le plus vil des animaux.

“ — Renoncez à votre entreprise et à l’amour des enfants, répondit Alcibiade, et du même coup vous mettrez un terme à vos tourments.

“ — Il n’est pas en notre pouvoir d’aimer, mon cher Alcibiade, et moins encore de cesser d’aimer un objet aimable qui nous gagne le cœur par les yeux, qui attire à lui, avec une force incompréhensible, l’âme de celui qui le contemple. Ce divin aspect, en le faisant rêver aux joies infinies de la possession, finit par exciter ses désirs, par l’enflammer d’amour. Et s’il ne s’enivre pas à la source du plaisir convoité, s’il ne s’y baigne pas, s’il ne s’y plonge pas, il faut qu’il brûle jusqu’à ce qu’il soit réduit en cendres. Et quand une fois une liqueur désirée invite nos lèvres à s’imprégner de sa douceur, qu’importe, pourvu que nous buvions, que le vase soit rond ou carré ? Quand nous voudrions en distinguer la forme, est-ce que