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Page:Rocheblave - Pages choisies des grands ecrivains - George Sand.djvu/21

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par son cheval Leopardo, présent funeste de Ferdinand VII.

Cependant la grand’mère se préoccupait de l’éducation de la petite Aurore. C’était alors une enfant fantasque, impérieuse, gâtée par son père et capricieusement dirigée par sa mère. Il fallait l’instruire et l’éduquer. Nohant vit le commencement de cet ouvrage, où d’abord se sentit presque uniquement la main délicate de la « ci-devant » madame Dupin de Francueil.

Pour tirer Aurore de ses manies de solitude, et pour l’assouplir, on lui donna deux camarades, d’abord son demi-frère Hippolyte Chatiron, sensiblement plus âgé, puis la petite Ursule, surnommée a caquet bon bec », nièce de la femme de chambre de sa grand’mère. Elle partagea même avec Ursule certaines leçons. Ses progrès furent assez rapides. À huit ans, elle savait à peu près sa langue. Elle l’écrivait et la parlait d’instinct. On la mit alors, trop tôt, à la grammaire, qui la rebuta, puis au latin. L’inévitable Deschartres, l’ancien précepteur de son père, être excellent et insupportable, savant et cuistre, pédagogue précieux au demeurant, fut son maître d’humanités ; et quoique son élève aux longs cheveux crêpelés ait quitté le latin d’assez bonne heure, elle en était assez pénétrée : elle le savait passablement et surtout elle le sentait bien. Aurore s’était complue à Virgile et à Tite-Live ; quelque chose de leur mâle substance et de leur ample langage était entré dans son cerveau, qui y resta. Toutefois, ses préférences pour le français n’étaient point douteuses. Plus tard,