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ressemble aux versets des anciens bardes d’Écosse, on voit revenir un continuel refrain. On est anxieux de savoir quelle est la pensée des Hurons et des Algonquins. Depuis si longtemps, en effet, que ces deux nations alliées faisaient la petite guerre aux Iroquois, la paix semblait difficile à conclure. L’âme des parents massacrés demandait vengeance. « J’ai passé, disait Kiotsaeton, auprès du lieu où les Algonquins nous ont massacrés ce printemps, dans le combat où les captifs ont été pris. J’ai passé vite, ne voulant point voir le sang des miens, qu’on a répandu, ni les corps qui sont encore sur la place ; j’ai détourné les yeux pour ne pas exciter ma colère. » Puis, frappant la terre et se penchant comme pour écouter, il continuait : « J’ai entendu les voix de mes ancêtres massacrés par les Algonquins. Leurs voix aimées m’ont crié : Mon petit-fils ! mon petit-fils ! assieds-toi ; n’entre point en fureur ; ne songe plus à nous : il n’y a plus moyen de nous arracher à la mort. Pense aux vivants ; sauve ceux que le fer et le feu poursuivent. Un homme vivant vaut mieux que plusieurs trépassés. J’ai entendu leurs voix ; j’ai passé outre, et je suis venu à vous pour délivrer ceux que vous tenez captifs. »

Cependant la paix si nécessaire à la colonie