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Page:Ruskin - La Bible d’Amiens.djvu/143

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intolérance, ses superstitions. Nous avons des incrédules et des impies jésuites et des incrédules et des impies jansénistes ; des impies molinistes, et des impies quiétistes ; des impies pratiquants, et non pratiquants ; des impies indifférents et des impies fanatiques ; des incrédules cagots et des impies hypocrites et tartuffes. — La religion de l’incrédulité ne se refuse pas même le luxe des hérésies.

« On ne croit plus à la Bible, je le veux bien, mais on croit aux écritures des journaux, on croit au sacerdoce des gazettes et carrés de papier, et à leurs oracles quotidiens.

« On croit au « baptême » de la police correctionnelle et de la Cour d’Assises — on appelle « martyrs » et « confesseurs » les « absents » à Nouméa et les « frères » de Suisse, d’Angleterre et de Belgique — et quand on parle des « martyrs » de la Commune ça ne s’entend pas des assassinés mais des assassins.

« On se fait enterrer « civilement », on ne veut plus sur son cercueil des prières de l’Église, on ne veut ni cierges, ni chants religieux, mais on veut un cortège portant derrière la bière des immortelles rouges ; — on veut une « oraison », une « prédication » de Victor Hugo qui a ajouté cette spécialité à ses autres spécialités, si bien qu’un de ces jours derniers, comme il suivait un convoi en amateur, un croque-mort s’approcha de lui, le poussa du coude, et lui dit en souriant : « Est-ce que nous n’aurons pas quelque chose de vous aujourd’hui ? » — Et cette prédication il la lit ou la récite — ou, s’il ne juge pas à propos « d’officier » lui-même, s’il s’agit d’un mort de peu, il envoie, pour la psalmodier, M. Meurice ou tout autre « prêtre » ou enfant de chœur du « Dieu ». — À défaut de M. Hugo, s’il s’agit