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Page:Ruskin - Sésame et les lys.djvu/106

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depuis l’enfance, de chaque âme vivant dans son diocèse et de sa situation présente.

Là-bas, tout au fond de cette petite rue, Bill et Nancy se cassent les dents mutuellement.

L’évêque sait-il tout là-dessus ? A t-il l’œil sur eux ? A-t-il eu l’œil sur eux ? Peut-il en détail nous expliquer comment Bill a pris l’habitude de frapper Nancy sur la tête ? S’il ne le peut pas, il n’est pas un évêque, eût-il une mitre aussi haute que le clocher de Salisbury ; il n’est pas un évêque ; il a cherché à être à la barre au lieu d’être à la hune ; il n’a pas la vue des choses. « Mais non », dites-vous, « ce n’est pas son devoir de veiller sur Bill dans la rue. » Quoi ! les grosses brebis qui ont de riches toisons, vous pensez que c’est seulement après celles-là qu’il doit regarder, tandis que (retournez à votre Milton) « les brebis affamées tournent les yeux vers eux et ne sont pas nourries, outre que l’horrible loup à la patte sournoise (l’évêque ne sachant rien de cela) chaque jour dévore avidement, sans qu’aucun compte en soit rendu » ?

« Mais ceci n’est pas notre conception d’un Évêque[1]. » Peut-être que non ; mais c’était celle de saint Paul[2], et c’était celle de Milton. Ils peuvent avoir raison, ou il se peut que ce soit nous ; mais nous ne devons pas espérer pouvoir

  1. Comparez avec la 13e lettre de Temps et Marées. (Note de l’auteur.)
  2. « Prenez donc garde à vous-mêmes et à tout le troupeau sur lequel le Saint-Esprit vous a établis évêques pour paître l’Église de Dieu qu’il a acquise par son propre sang, car je sais qu’il entrera parmi vous des loups ravissants, etc. » (Actes, xx, 28 et 29.) (Note du traducteur.)