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Page:Ruskin - Sésame et les lys.djvu/159

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voir ailé, et nous guider avec leurs yeux infaillibles, à travers le chemin qu’aucun oiseau ne connaît et que l’œil du vautour n’a pas vu[1]. Supposez qu’un jour surviennent des rois qui auraient entendu et cru (cette parole et à la fin ramassé et découvert des trésors de — Sagesse — pour leurs peuples.

46. Songez quelle chose surprenante cela serait, étant donné l’état présent de la sagesse publique ! Que nous conduisions nos paysans à l’exercice du livre au lieu de l’exercice de la baïonnette ! Que nous recrutions, instruisions, entretenions en leur assurant leur solde, sous un haut commandement capable, des armées de penseurs au lieu d’armées de meurtriers ! donner son divertissement à la nation dans les salles de lectures, aussi bien que sur les champs de tir, donner aussi bien des prix pour avoir visé juste une idée que pour avoir mis de plomb dans une cible. Quelle idée absurde cela paraît, si toutefois on a le courage de l’exprimer, que la fortune des capitalistes des nations civilisées doive un jour venir en aide à la littérature et non à la guerre. Donnez-moi un peu de patience, le temps que je vous lise une seule phrase du seul livre qui puisse vraiment être appelé un livre que j’aie encore écrit jusqu’ici, celui qui restera (si quoi que ce soit en reste) le plus sûrement et le plus longtemps, de toute mon œuvre[2].

  1. Job, xxviii, 7. (Note du traducteur.)
  2. Ruskin veut parler de « Unto this last ». Dans la préface d’Unto this last, Ruskin dit de même : « Je crois que ces essais contiennent ce que j’ai écrit de meilleur, c’est-à-dire de plus vrai et de plus justement exprimé. Le dernier (Ad Valorem) qui m’a coûté