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L’IF DE CROISSEY.

JE vais vous dire, monsieur, pourquoi je viens tous les soirs fumer ma pipe sous l’if de Croissey. Il y a vingt ans de cela : c’était à la fin de l’an -

née 1812. Élevé par un vieil oncle, curé d’une commune voisine, ayant déjà un pied dans l’armée du pape, je venais d’échapper aux ré quisitions de l’empereur : la conscription m’avait épargné comme ecclésiastique. Mais pres qu’en même temps mon vieil oncle vint à mou · rir ; et le brave homme, pour avoir donné aux pauvres jusqu’à ses chemises, n’eut rien à lais ser à son neveu que la pauvreté dont il avait tiré les autres. Me voila donc, à vingt-un ans, libre, seul et sans avoir ; plein de dégoût pour mon état, d’indécision pour tous les autres,