Aller au contenu

Page:Sand - Adriani.djvu/12

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

comme d’habitude, je n’aurai pas réalisé la conception qui m’apparaît vive et riante au début. C’est pourquoi je veux vous en dédier l’intention, qui en fera probablement toute la valeur.

Cette intention, la voici. Si je m’en éloigne, j’aurai mal rempli mon but.

L’amour est l’intarissable thème qui a servi, qui servira toujours, je crois, aux créations du roman et du théâtre. Pourquoi s’épuiserait-il ? Il y a autant de manières de comprendre et de sentir l’amour qu’il y a de types humains sur la terre. L’amour du poète, l’amour du savant, l’amour du pauvre et celui du riche, celui de l’homme cultivé et celui de l’ignorant, l’amour sensuel et l’amour idéaliste, tous les amours de ce monde enfin ont chacun sa théorie ou sa fatalité.

Les belles âmes peuvent seules approcher de la plénitude des affections. Je ne les crois pas tellement rares, que leur puissance paraisse invraisemblable.

Cependant, on voit souvent, dans les romans, les grands amours naître dans des types trop exceptionnels : ou dans des situations trop particulières. On n’admet pas souvent que l’homme vivant dans le monde et jouissant de toute la manifestation de ses facultés, s’attache à un sentiment unique. On choisit les amoureux ; dans la ; classe des rêveurs, des solitaires, des enthousiastes sans expérience, des natures incomplètes ou excessives. C’est