Aller au contenu

Page:Sand - Adriani.djvu/136

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de précautions, surtout quand on approche le rasoir d’un gosier comme celui de monsieur. Quant à moi, on pourrait bien me couper le sifflet, l’Opéra n’y perdrait rien ; mais peut-être qu’il y a des mille et des cents dans le gosier de monsieur.

— Le drôle sait qui je suis, pensa Adriani : j’ai bien fait d’écrire. Il faut que je me hâte de courir là-bas, avant qu’il ait eu le temps de bavarder avec Toinette.

Comme il sortait, Adriani vit arriver la chaise de poste du baron de West, qui revenait de Vienne, et qui, de loin, lui faisait de grands bras. Désolé de ce contretemps, il feignit de ne pas le reconnaître et se jeta dans les vignes. À travers les pampres, il vit la voiture qui s’arrêtait, ce qui lui fit craindre que le baron ne courût après lui. Il se glissa le long d’une haie, et se trouva en face de la vachère du Temple, qui prenait le plus court à travers les vignes pour gagner la route.

— Où allez-vous ? lui dit-il.

— Je vas porter une lettre à M. d’Argères, répondit-elle. C’est-il vous qui s’appelle comme ça ?

Adriani ouvrit le billet. Il était de la main de Toinette.

« Madame n’a pas bien dormi cette nuit. Elle gardera la chambre ce matin. Elle prie bien monsieur de ne venir qu’après midi. »

— Retournez vite au Temple, dit Adriani, et remettez