Page:Sand - Adriani.djvu/147

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quiète. Peut-être aussi était-ce un symptôme rassurant pour sa guérison morale. Le calme n’est-il pas la santé de l’âme ?

Toinette, contre sa coutume, ne vint pas à la rencontre d’Adriani. Le jardin était désert, la maison fermée. Il se hasarda à frapper doucement : rien ne bougea. Il fit le tour et trouva toutes les portes, toutes les fenêtres closes. Il chercha Mariotte, l’unique habitante des bâtiments extérieurs. Elle battait son beurre avec autant de tranquillité que le premier jour où il lui avait parlé.

— Madame n’est pas levée ? lui dit-il.

— Pas que je sache, répondit-elle.

— Et Toinette ?

— Ma foi, je ne l’ai pas encore vue. Faut qu’elle ait mal dormi, et madame pareillement.

— Vous n’avez donc pas encore pu remettre ma lettre ?

— Non, monsieur ; la voilà avec votre louis d’or, sur le bord de l’auge à ma vache. Prenez-les, puisque vous allez voir madame vous-même, et peut-être avant moi.

Adriani reprit la lettre et laissa le louis.

— Eh bien, et ça ? dit Mariette.

— C’est pour vous.

— Pour moi ? Tiens, pourquoi donc ?

Adriani était déjà sorti du cellier et retournait vers la maison. Tout à coup une idée le frappa. Il revint sur ses pas.