Page:Sand - Adriani.djvu/283

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le vieux Ladouze et par la fidèle et rieuse Mariotte. Ils y retrouvèrent donc cet air de fête qu’Adriani y avait apporté en un jour d’espérance, et Toinette, qui avait pris les devants, avec le trésor dans ses bras, leur en fit les honneurs.

Le trésor avait un an. Il s’appelait Adrienne. Cela parlait déjà un peu et roulait sur le gazon, sous prétexte de savoir un peu marcher. C’était le plus ravissant petit être que l’Amour, qui s’y entend bien, eût offert aux bénédictions de la Providence et aux baisers d’une famille. Adriani, contrairement aux instincts et aux préjugés de la plupart des pères, était enchanté que ce fût une fiile. La perfection, selon lui, était femme, puisque Laure était femme.

L’enfant entendait ou sentait déjà la musique, et, quand son père et sa mère unissaient leurs âmes et leurs voix dans une chanson de berceuse faite à son usage, ses yeux s’agrandissaient dans ses joues rebondies, et son regard fixe semblait contempler les merveilles de ce monde divin, dont les marmots ont peut-être encore le souvenir.

Explique-moi donc, dit Adriani à sa femme en l’attirant doucement contre son cœur (l’enfant était enlacée à son cou), comment il se fait que tu m’aimes ! Je t’avoue que je n’y crois pas encore, tant je comprends avec peine qu’un ange soit descendu à mes côtés et m’ait