Page:Sand - Adriani.djvu/72

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pas nécessaire d’aller lui demander pardon de ma grossière séance chez elle, et voulant au moins prendre congé de la duègne. La cour était déserte, la maison muette. Je poussai jusqu’à la basse-cour. Elle n’était occupée que par une volée de moineaux qui s’enfuit à mon approche. Enfin, je trouvai une grosse servante au fond d’une étable. Elle était en train de traire une vache maigre, et m’apprit, sans se déranger, que madame devait être dans le petit bois, au bout de la prairie, parce que c’était son heure de s’y promener ; que mademoiselle Muiron devait être chez le meunier, au bord de la rivière, parce que c’était son heure d’aller acheter de la volaille. Quant au jardinier, ce n’était pas son jour.

— Mais, si monsieur veut quelque chose, ajouta-t-elle d’un air candide, je serai à ses ordres quand j’aurai battu mon beurre.

Je la chargeai de mes compliments pour mademoiselle Muiron, et je revenais vers la maison, afin de reprendre le sentier qui conduit à Mauzères, lorsque, par une fenêtre ouverte, au rez-de-chaussée, mes yeux tombèrent sur un joli piano de Pleyel qui brillait comme une perle au milieu du plus pauvre et du plus terne ameublement dont jamais femme élégante se soit contentée. La vachère, qui m’avait suivi, portant son vase de crème vers la cuisine, vit mon regard fixé avec une certaine convoitise sur l’instrument, et me dit :