Page:Sand - Adriani.djvu/86

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à votre maîtresse, mais que je me fais un plaisir de vous taire.

— Monsieur s’amuse ! dit-elle ; à la bonne heure ! Pourtant il a tort de me traiter si mal. Il me met, moi, dans une position très-délicate.

— Où vous vous êtes jetée résolûment vous-même.

— Plaignez-vous, ingrat ! vous brûliez de voir madame, et vous voilà accueilli par elle comme un ami.

— Vous errez, ma chère. Je ne brûlais pas de la voir et je ne suis pas, et je n’aurai jamais le bonheur d’être son ami.

— Alors… vous nous quittez ? vous ne reviendrez plus ? dit-elle avec effroi.

— Je reviendrai demain et je partirai après-demain. Bonsoir, mademoiselle Toinette.

— Tenez, vous êtes amoureux, fit-elle entre ses dents en me tournant le dos. Eh bien, puisque vous n’avez pas de confiance en moi, ce sera tant pis pour vous !

Je la quittai sur cette belle conclusion, et je me moquai d’elle intérieurement, car je jure…


Je ne sais pas pourquoi d’Argères ne jura pas. Il n’acheva pas sa lettre, il ne l’envoya pas à son ami, il ne partit pas. Huit jours après, il lui en envoya une plus concise que voici :