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Page:Sand - Cadio.djvu/183

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LE DEUXIÈME SECRÉTAIRE, à Henri. Si le citoyen délégué est satisfait de tes réponses, nous devons en tolérer l’audace ; mais tu as des renseignements à donner… (Consultant un gros cahier de notes.) Le traître Sauvières avait une fille, une sœur, des amis et des parents qui ont porté les armes, même les femmes !

HENRI. Les femmes, non. Mon oncle et le chevalier de Prémouillard ont été tués à l’affaire du Grand-Chêne. Je ne sais rien des autres.

LE DÉLÉGUÉ, plus doux. Étais-tu à cette affaire, jeune homme ?

HENRI, triste. J’y étais.

LE PREMIER SECRÉTAIRE, l’observant. À contre-cœur sans doute ?

HENRI. Plaît-il, monsieur ?

LE DÉLÉGUÉ. Est-ce à regret que tu as fait ton devoir ?

HENRI. Oui, certes ! mais je l’ai fait.

LE DÉLÉGUÉ. Eh bien, tu vas le faire encore et nous dire où sont réfugiés les survivants de ta famille.

HENRI. Je l’ignore absolument.

LE DÉLÉGUÉ. Tu le jures sur l’honneur ?

HENRI. Je le jure sur l’honneur ! J’ignore même si une seule personne de ma famille a survécu à l’écrasement de l’armée vendéenne.

LE PREMIER SECRÉTAIRE. Si tu le savais… si tu connaissais leur tanière, les dénoncerais-tu ?

HENRI, fièrement. Monsieur, je ne vous reconnais pas le droit de m’interroger en dehors des choses qui concernent mon service. Chargé par mon colonel d’escorter le délégué de la Convention, je ferai respecter sa personne et celle de ses employés… Voilà ma consigne, je n’en ai pas d’autre.