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Page:Sand - Cadio.djvu/243

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feront comprendre. « Nous sommes des enfants, nous n’avons fait de mal à personne, la loi nous protége, ayez pitié ! — Eh bien, oui ! répondent les bourreaux ; nous avons pitié ; finissons-en vite. Mourez, qu’on n’entende plus vos cris, qu’on ne voie plus vos figures pâles ! » Allons ! en voilà une qui tombe dans l’eau noire infectée de tant de cadavres, que la victime ne peut pas enfoncer, et puis une autre dont le poids l’entraîne. — Mais qu’est-ce qui arrive ? On cesse de les pousser, on tend la main à celles qui sont à moitié englouties, c’est le pardon peut-être ? Non ! c’est le comble du laid, ce qui vient là, c’est le dernier mot de la vengeance ! — Une meute de vieilles femmes moitié louves, moitié limaces ; cela rampe dans l’ordure et cela a des yeux ardents ; elles viennent demander la vie de ces enfants. Chose atroce ! on la leur accorde en riant et en disant des choses obscènes que ces femmes seules comprennent. Et les voilà qui payent un droit, car elles sont patentées pour livrer l’enfance à la prostitution, et les pauvres demoiselles nobles qui sont là, condamnées à mourir ou à épouser la lie du peuple, ne comprenant pas, se réjouissent ; elles remercient, elles embrassent leurs bienfaitrices hideuses… Il y en a une pourtant, la plus grande, la plus jolie, qui comprend ou devine. Elle résiste, elle dit : « J’aime mieux mourir ! » On veut l’emmener de force, elle lutte, elle crie, on la tue ;… c’est bien fait, on lui a rendu service !… Les autres… Attends, un nuage passe ! Il se dissipe ! Deux mois se sont écoulés, les voilà qui reviennent, toutes vieilles et flétries. Il y en a que la fièvre des prisons a rendues si dangereuses pour la santé publique, qu’elle les a préservées de l’outrage ; mais elles ne guérissent pas