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Page:Sand - Cadio.djvu/257

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HENRI, qui a son sabre sons le bras, prenant la bonnet d’enfant et le regardant. Qu’un homme doit être heureux quand il voit une femme chérie travailler comme cela pour la jolie tête dont il attend le premier regard, le premier sourire ! Être époux et père ! époux de la femme de son choix, père de beaux enfants qu’il lui voit élever avec intelligence et tendresse,… cela vaut bien la gloire ! À quoi songez-vous, Marie, quand vous faites ces habits d’enfants ?

MARIE. Rendez-moi donc mon ouvrage ! Quelles nouvelles apportez-vous ?

HENRI. Une bien bonne ! Vous êtes enfin libre et à couvert de toute persécution.

MARIE. Grâce à vous ?

HENRI. Grâce à une erreur volontairement commise peut-être : après le départ de Carrier, votre nom avait été porté sur la liste des morts. Si le geôlier l’eût osé, il eût pu vous faire sortir. J’ai réussi à voir les registres et à savoir que votre évasion n’avait pas été et ne serait pas recherchée.

MARIE. Merci ! Et du général Hoche, que savez-vous ? Est-ce bien vrai, que lui aussi est sorti de prison ? La nouvelle d’hier n’est pas démentie aujourd’hui ?

HENRI. Elle est confirmée, et on annonce même qu’il va recevoir le commandement en chef de notre armée de l’Ouest.

MARIE. Ah ! quel bonheur ! je vais peut-être enfin le connaître !

HENRI. Comment se fait-il que vous ne l’ayez jamais vu ?

MARIE. Je l’ai vu, mais je m’en souviens à peine.