Page:Sand - Cadio.djvu/358

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JAVOTTE, prenant une broche. Ils sont quelques-uns dans la ruelle : je vais vous aider !

LOUISE, à la Korigane. Je veux mourir avec eux ! Toi, lave-toi de tes péchés, sauve ma tante, parle à ces furieux.

LA KORIGANE. Je vous sauverai tous à cause de vous et de Cadio ! (Allant à la fenêtre. Parlant breton.) Les bleus ! les cavaliers bleus ! Là-bas, voyez, ils reviennent ! Courez-leur sus, mes amis ! Ici, il n’y a plus que des femmes prisonnières ! (Les chouans reculent, hésitants et agités.)

CADIO, qui était déjà au fond de la cuisine, revenant. Qu’est-ce qu’elle dit ? Nos cavaliers reviennent ?

HENRI, revenant aussi. Alors, il faut tenir bon encore cinq minutes !

LA KORIGANE. Non, j’ai menti, ils ne reviennent pas. Sauvez-vous tous ; moi, je reste.

CADIO. C’est à présent que tu mens ! Ils reviennent, je les vois !

MOTUS, regardant aussi. Les voilà ! Ils sont encore au moins cent, mais dispersés !

LA KORIGANE. Et les chouans sont au moins mille. Vous êtes perdus ! fuyez donc ! vous avez le temps. Les chouans vont à leur rencontre, ils s’éloignent…

MOTUS. Sans te commander, mon colonel, si je sonnais le ralliement…, ça donnerait du cœur et de l’ensemble aux camarades.

HENRI. Oui, oui, dépêche-toi ! (Motus saute sur la fenêtre et sonne le ralliement. Tirefeuille, étendu par terre, auprès de la halle et mortellement blessé, se relève sur ses genoux, ramasse son fusil et ajuste Motus. Cadio, qui l’a vu, repousse Motus, et, s’élançant devant lui, recule et tombe.)

MOTUS. Ah ! malheur ! mort pour moi !

CADIO. Non, blessé enfin ! C’est bon signe ! Achève