Page:Sand - Cadio.djvu/59

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LE COMTE. Prenez garde que Saint-Gueltas ne devienne trop votre général, ma sœur, et songez à gagner Guérande, où nous avons des parents.

ROXANE, Mézières rentre. Guérande ? Soit ! C’est une bonne ville, une place de guerre imprenable, où tout le monde pense bien. On se voit beaucoup ; Louise, il faudra emporter de la toilette.

LE COMTE. N’emportez rien. Vos femmes vous rejoindront avec vos effets. Vous partez sans bruit dans cinq minutes.

ROXANE. Dans cinq minutes ! faite comme me voilà !

LE COMTE. Croyez-vous aller à une partie de plaisir ?

ROXANE. Mais…

LE COMTE. Il le faut, et je le veux !

ROXANE. Allons ! pour le roi, je suis prête à tous les sacrifices. Je sortirai en robe d’indienne !

LE COMTE, bas. Prenez de l’argent. (À la Tessonnière, qui reste comme hébété.) Allons, préparez-vous, mon ami ! (Roxane sort.)

LA TESSONNIÈRE. Oui, oui, certainement ! mais… où coucherons-nous ce soir ?

LE COMTE. Où vous pourrez. Vous gagnerez vite le pays insurgé. Mézières saura vous diriger.

LA TESSONNIÈRE. Mais souper ! où soupera-t-on ?

LE COMTE. Nulle part ; vous achèterez du pain en courant.

LA TESSONNIÈRE. Oh ! mon Dieu, c’est le martyre, je le vois bien !

LOUISE. Allons, allons, du courage, mon ami !

LA TESSONNIÈRE, sortant. C’est le martyre, je vous dis que c’est le martyre ! (Il sort.)

LE COMTE. Toi, Louise…

LOUISE. Moi, je ne vous quitte pas.