Page:Sand - Cadio.djvu/98

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HENRI. Vous êtes malheureuse, Louise ! (Bas.) Vous n’êtes donc pas aimée ?

LOUISE, sans lui répondre. Monsieur le capitaine, je compte sur votre clémence, je ne rougis pas de l’implorer.

LE CAPITAINE. Comptez sur mon dévouement, mademoiselle, et calmez-vous. Vous veniez chercher Henri ?

LOUISE. Non ; mais, en le trouvant ici, j’espérais l’emmener.

LE CAPITAINE. Et vous n’avez pas réussi ? Vous le maudissez ! — Moi, je le plains et je l’admire ! Dites à M. le comte de Sauvières que nous accomplissons avec douleur l’acte brutal qui vous dépouille et vous exile à jamais de vos foyers. Il est militaire ; s’il était à ma place, il souffrirait comme moi ; mais, comme moi, il obéirait.

LOUISE. Vos paroles lui seront transmises fidèlement, monsieur. Je pars avec l’espérance de vous revoir parmi nous. Nous aurons de meilleurs jours ! La bonne cause est impérissable. Vous ne vous habituerez pas à ces violences que votre cœur désavoue, et M. Henri de Sauvières ne conservera pas longtemps sa funeste influence sur vos décisions. Allons ! pour cette fois, ne regrettez pas l’acte de vandalisme qu’il vous oblige à faire, et comptez sur le pardon de mon père quand il vous plaira de l’invoquer. En abandonnant nos demeures, nous en avons fait le sacrifice à la cause de Dieu et du roi, et nous ne sommes pas si petites gens que de pleurer sur nos ruines ! (Prenant un flambeau.) Tenez, mon cousin ! faites gaiement ce que vous appelez votre devoir ! Détruisez la maison où, orphelin, vous avez été recueilli et élevé ! Vous hésitez ?