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Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/112

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indépendance, Paul, adouci par le bonheur, apprendrait à céder à la tendresse et à y croire.

— En supposant que ce résultat pût jamais être obtenu, que de luttes entre eux, que de déchirements, que de catastrophes peut-être ! Non, monsieur Dietrich, n’essayons pas de rapprocher ces deux extrêmes. Ayez peur pour votre enfant comme j’aurais peur pour le mien. Les grandes tentatives peuvent être bonnes dans les cas désespérés ; mais ici vous n’avez affaire qu’à une fantaisie spontanée. Il y a une heure, si j’eusse demandé à Césarine d’épouser Paul, elle se serait étouffée de rire. C’est devant mes reproches que, se sentant coupable, elle a imaginé cette passion subite pour se justifier. Dans une heure, allez lui dire que vous ne consentez pas plus que moi ; vous la soulagerez, j’en réponds, d’une grande perplexité.

— Ce que vous dites là est fort probable ; je la verrai tantôt. Laissons-lui le temps de s’effrayer de son coup de tête. Je suis en tout de votre avis, mademoiselle de Nermont, excepté en ce qui touche votre fierté. S’il n’y avait pas d’autre obstacle, je travaillerais à la vaincre. Je suis l’homme de mes principes, je trouve équitable et noble d’allier la pauvreté à la richesse quand cette pauvreté est digne d’estime et de respect ; je tiens donc la pauvreté pour une vertu de premier ordre de M. Paul Gilbert. Sachez qu’en l’invitant à venir chez moi je m’étais dit qu’il pourrait bien convenir à ma fille, et que je ne m’en étais point alarmé.