Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/185

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la partie de l’hôtel qu’elle habitait. Elle s’amusait de son vertige, de ses questions naïves, de ses notions quelquefois justes, quelquefois folles sur toutes choses. En la promenant ainsi, elle échappait à mon contrôle, elle l’accaparait, elle la grisait, elle faisait reluire l’or et les joyaux devant elle, elle jouait le rôle de Méphisto auprès de cette Marguerite, aussi femme que celle de la légende.

Voyant que Césarine était résolue à me mettre de côté pour le moment, je quittai sa chambre, où elle ramena Marguerite et l’y garda assez longtemps ; puis elle voulut la reconduire jusqu’à sa voiture, qui devait la remmener, et en traversant le salon elle m’y trouva avec le marquis de Rivonnière ; c’est là qu’eut lieu une scène inattendue qui devait avoir des suites bien graves.

— Bonjour, marquis, dit Césarine, qui entrait la première, je vous attendais. Vous venez déjeuner avec nous ?

En ce moment, et comme M. de Rivonnière s’avançait pour baiser la main de sa souveraine, il se trouva vis-à-vis de Marguerite, qui la suivait. Il resta une seconde comme paralysé, et Marguerite, qui ne savait rien cacher, rien contenir, fit un grand cri et recula.

— Qu’est-ce donc ? dit Césarine.

— Jules ! s’écria Marguerite en montrant le marquis d’un air effaré, comme si elle eût vu un spectre.

M. de Rivonnière avait pris possession de lui-même, il dit en souriant :

— Qui, Jules ? que veut dire cette jolie personne ?