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Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/196

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incapable de garder un secret. Une petite circonstance, qui ne fut peut-être pas préméditée, devait amener vite ce résultat. En prenant congé de madame Féron, il lui remit pour Marguerite un petit écrin, en lui disant que c’était le pot-de-vin d’usage. À ce mot de pot-de-vin qu’elle ne comprenait pas, Marguerite, que madame Féron retrouva tout en pleurs, se prit à rire avec la facilité qu’ont les enfants de passer d’une crise à la crise contraire.

— Il est donc bien bon, son vin, dit-elle, qu’il en donne si peu à la fois ?

Elle ouvrit l’écrin et y trouva une bague de diamants d’un prix assez notable. La veille encore, elle l’eût peut-être repoussée ; mais elle avait vu, le matin même, les bijoux de Césarine, et, bien qu’elle eût affecté de ne pas les envier, elle en avait gardé l’éblouissement. Elle passa la bague à son doigt, jurant à la Féron qu’elle allait la remettre dans l’écrin et la cacher.

— Non, lui dit l’autre, il faut la vendre, cela te trahirait. Donne-moi ça tout de suite, je te rapporterai de l’argent. L’argent n’est pas signé, et Paul ne regarde pas où nous mettons le nôtre. Il ne sait jamais ce que nous avons ; il se contente de nous demander de quoi nous avons besoin. À présent nous lui dirons qu’il ne nous faut rien, et, s’il est étonné, nous lui montrerons nos guipures. Il ne peut pas trouver mauvais que mademoiselle Dietrich nous fasse travailler.

Marguerite cacha la bague ; il était trop tard pour