Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/204

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Les personnes qui veulent bien m’estimer savent que j’ai pris pour femme, pour maîtresse, je ne parlerai point à mots couverts, une jeune fille séduite à quinze ans par un homme qui n’avait nullement l’intention de l’épouser. Je m’abstiens de qualifier la conduite de cet homme. Je ne le connaissais pas, elle l’avait oublié. Je n’étais pas jaloux du passé, j’étais heureux, car j’étais père, et, quel que fût le lien qui devait nous unir pour toujours, fidélité jurée ou volontairement gardée, je considérais notre union comme mon bien, comme mon devoir, comme mon droit. Je suis pauvre, je vis de mon travail ; elle acceptait ma peine et ma pauvreté. Hier, cet homme a écrit à ma compagne la lettre que voici :

Et Paul lut tout haut la lettre du marquis à Marguerite ; puis il montra la bague et la posa, ainsi que l’acte de donation, sur la table, avec le plus grand calme, après quoi, et sans permettre au marquis de l’interrompre, il reprit :

— Cet homme qui m’a fait l’outrage de supposer, et d’écrire à ma maîtresse que ses présents me décideraient sans doute au mariage, c’est vous, monsieur le marquis de Rivonnière, j’imagine que vous reconnaissez votre signature ?

— Parfaitement, monsieur.

— Pour cette insulte gratuite, vous reconnaissez aussi que vous me devez une réparation ?

— Oui, monsieur, je le reconnais et suis prêt à vous la donner.

— Prêt ?