Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/80

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avait pris pour se guérir. Il est un genre d’explication dont on ne se fait pas faute à présent avec les jeunes filles du monde, et que je n’avais jamais voulu aborder avec Césarine, ni même devant elle. Sa tante n’avait de prudence que sur ce point délicat, et M. Dietrich, chaste dans ses mœurs, l’était également dans son langage. Césarine, malgré sa liberté d’esprit, était donc fort ignorante des détails malséants dont l’appréciation est toujours choquante chez une jeune fille. La petite Irma Dietrich, sa cousine, en savait plus long qu’elle sur le rôle des femmes galantes et des grisettes dans la société. Césarine, qui n’avait jamais montré aucune curiosité malsaine, la faisait taire et la rudoyait.

Elle prit donc le change quand je lui appris que le marquis se jetait, par réaction contre elle, dans une affection. Elle crut qu’il voulait faire un autre mariage, et me parut fort blessée.

— Tu vois ! me dit-elle, j’avais bien raison de douter de lui et de ne pas répondre à ses beaux sentimens. Voilà comme les hommes sont sérieux ! Il disait qu’il mourrait, si je lui ôtais tout espoir ! Je lui en laissais un peu, et le voilà déjà guéri ! Tiens ! je veux te montrer ses lettres. Relisons-les ensemble. Cela me servira de leçon. C’est une première expérience que je ne veux pas oublier.

Les lettres du marquis étaient bien tournées quoique écrites, avec spontanéité. Je crus y voir l’élan d’un amour très sincère, et je ne pus m’empêcher d’en faire la remarque, Césarine se moqua de moi,