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Page:Sand - Constance Verrier.djvu/107

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et les héros de la réalité. Il me semblait, au commencement, que tout cela était mensonge ou commérage ; c’est qu’en effet le vrai n’est pas le vraisemblable, et que, pour trouver le beau en ce monde, il faut fermer les yeux et regarder des ombres chinoises dans sa propre imagination.

« On se fait à toute nécessité. Pour moi, c’en était une impérieuse que de connaître la vie comme elle est ; car, malgré tout ce qu’on nous dit du progrès de notre siècle, je suis de ceux qui croient que les mœurs n’ont pas changé. On est plus hypocrite, voilà tout. Franchise ou malice, le règne des passions est absolu et fatal. Il n’y a que la manière de s’en servir qui varie. »

Ici la duchesse s’interrompit pour rire de la figure de mademoiselle Verrier, qui était encore plus étonnée et plus soucieuse qu’elle ne l’avait été durant le récit de la Mozzelli.

— Si vous me faites cette moue-là, lui dit-elle, je ne serai qu’à moitié sincère dans ma narration, tandis que je l’eusse été aux trois quarts, si vous n’aviez fait aucune objection.

— Je n’en fais pas, j’écoute, répondit Constance ; vous n’en êtes qu’aux préliminaires, et j’aurais mauvaise grâce à protester d’avance.

« Quand je revis ma marraine, reprit madame d’Évereux, qui se tint dès lors pour avertie, j’étais résignée sur nouveaux frais. Je lui avouai que mon instruction m’avait coûté beaucoup, puisqu’il avait