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Page:Sand - Constance Verrier.djvu/122

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seriez pas si fin que cela ! Vous ne liriez pas du tout dans le cerveau d’une femme d’esprit, vu qu’en amour tous les hommes sont très-vains, et un peu bêtes, par conséquent !

— Ah ! vous voyez bien ! s’écria la cantatrice, vous les méprisez bien plus que je ne les méprise ; car, moi, je les accuse après la déception, et vous, vous les raillez et les foulez aux pieds d’avance !

— Ils aiment ça ! reprit en riant la duchesse. Mais qui vous parle de moi ? Je n’ai eu pour amant que M. le duc, mon mari, et si j’ai été avilie une fois en ma vie, c’est par l’honneur qu’il m’a fait de dormir à mes côtés en rêvant d’une dévergondée ! Je le lui ai pardonné, et vous, vous ne pardonnez à qui que ce soit. Je suis donc, sinon aussi sublime que vous, mademoiselle Mozzelli, du moins meilleure personne. »

Ceci fut dit d’un ton sec et hautain qui n’avait pas encore paru chez la duchesse.

— Eh madame ! lui dit la Mozzelli, dont les yeux se remplirent de larmes, vous êtes bien cruelle sans en avoir l’air, car voilà que vous me raillez. J’aime mieux les duretés franches de la Costanza !

— Allons, allons, reprit la duchesse en lui donnant un baiser au front, voilà que vous avez mal aux nerfs ; nous vous avons trop parlé toutes deux, et trop remué les cendres du passé. Ce serait à mademoiselle Verrier de nous distraire de nos peines en nous parlant un peu d’elle-même, et, si elle voulait nous raconter aussi l’histoire de ses pensées, si vagues et si incertaines