Page:Sand - Constance Verrier.djvu/154

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vous voir, si vous me dites que vous voyagez seule et que je peux aller chez vous. Le puis-je ? C’est de vous seule que je veux le savoir.

— Vous le pouvez ! dit la Mozzelli, en lui baisant les mains avec attendrissement. J’aime, et celui que j’aime est bien loin d’ici.

— Vous êtes donc toujours romanesque ? dit la duchesse à mademoiselle Verrier quand la cantatrice se fut retirée. Eh bien, vous avez tort de croire que cette chère fille se soit amendée. Elle a eu, à Londres, une espèce de passion exaltée. J’ai su ça, bien que, contre sa coutume, elle ne l’ait pas affichée, et qu’elle m’en ait fait mystère à moi-même. Mais le hasard m’a fait découvrir qu’on ne la prenait pas du tout au sérieux. Si bien que, quoi qu’elle fasse, elle ne trouvera pas un homme assez spregiudicato pour l’épouser ou assez naïf pour consentir au moins à une liaison durable. C’est toujours la même folle. Croyez-moi ! n’allez pas trop chez elle durant les huit jours qu’elle annonce vouloir passer ici.

Constance sourit et ne répondit pas. Elle était résolue à voir la Mozzelli qu’elle aimait et en qui elle avait confiance, et elle se disait gaiement que si l’austère duchesse blâmait ses démarches, elle était bien libre de lui retirer la tutelle passagère de mademoiselle d’Évereux, qu’elle n’avait pas sollicitée.

Il n’en fut pas ainsi. Constance vit plusieurs fois la cantatrice, et la duchesse feignit de n’en rien savoir. Elle n’eût voulu, pour rien au monde, se mettre mal