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Page:Sand - Constance Verrier.djvu/166

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cule. Ces choses-là, lui dis-je, ne compromettent pas de ce côté-ci de la rampe. Nous sommes des oiseaux de passage, et nous n’avons rien à donner ni à emporter que le souvenir.

— C’était très-joli ! dit la duchesse.

— Non, c’était bête, reprit la Sofia. On n’a d’esprit que quand on n’aime pas ; mais comme il m’aimait déjà, lui, ce… Melvil, il prit le bouquet et ma main tout ensemble, et la sienne tremblait. Oui, elle tremblait tout de bon, et une femme ne se trompe pas sur une émotion bien naïve et bien forte ! La sienne passa en moi si rapidement, que je faillis m’évanouir. Constance, je ne suis pas folle pour cela ! Ne m’avez-vous pas dit que l’amour était une surprise et que cela faisait partie de ses délices ?

— Elle vous a dit cela ? s’écria la duchesse.

— Et j’ai tort de le répéter, répondit la Mozzelli : parlons de moi seule. Je m’endormis en rêvant de cet inconnu. Le lendemain matin, je trouvai mon salon rempli de fleurs merveilleuses, et je ne demandai pas de qui ça venait. Ces fleurs-là ne sentaient pas comme les autres. Elles avaient un parfum qui ne pouvait venir que du ciel. J’en fus grisée tout le jour, et je ne voulus pas sortir, crainte de respirer un autre air que cet air chargé d’amour et de poésie. Vers le soir, je m’endormis sur mon divan. Il me sembla que ces fleurs chantaient. Quel opéra sublime, quel divin poëme ! Je n’ai jamais rien entendu de pareil ! Mais elles se turent tout d’un coup. Il était là ! Je ne sais