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Page:Sand - Constance Verrier.djvu/173

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tiques, ce n’est pas le bourreau, ou tout bonnement, comme ça peut arriver dans la vie réelle, un simple voyageur de commerce ?

— Bourgeois ou prince, répliqua la Mozzelli blessée, il avait l’âme élevée et proclamait un grand dédain, une sorte de dégoût pour les amours philosophiques.

— Vraiment ? reprit madame d’Évereux toujours gaie. Il était pour la passion effrénée, pour le grand drame ? un poëte du désespoir ? Le Lara de lord Byron tout au moins ?

— Tenez ! s’écria la Mozzelli en saisissant avec une sorte de rage le bras potelé de la duchesse, vous le connaissez ! Il vous a plu, autrefois peut-être ! Et, depuis une heure que vous me raillez, vous faites votre possible pour me rendre jalouse ; ou bien vous l’êtes vous-même. Pourquoi ne pas dire les choses comme elles sont, au lieu de vouloir me torturer ?

— Constance, dit la duchesse en changeant de place et en se plaçant derrière mademoiselle Verrier, je me réfugie contre vous, car je crains réellement d’être assassinée ce soir ! J’ai eu une bien mauvaise idée de venir ici, moi !

— Je réponds de vous, soyez tranquille ! dit Constance. Je suis là pour mettre la paix. Mais je vous trouve mauvaises toutes deux, elle de ne pas vous croire loyale, et vous de dénigrer une affection qui la rend heureuse.

— Qu’elle jure sur la tête de sa fille qu’elle ne connaît pas celui que j’aime, et je la croirai, dit la Mozzelli.