Page:Sand - Constance Verrier.djvu/181

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les arbustes des plates-bandes, la Mozzelli serrer dans ses bras avec transport un homme dont elle-même reconnaissait la voix. — C’est lui, dit-elle à Constance, c’est son amant et mon serviteur, celui que nous avons appelé, ce soir, Melvil, et qui se nomme tout simplement Raoul Mahoult. Eh bien, ma chère, qu’en dites-vous ?

— Ça m’est égal ! répondit froidement Constance. Et comme elle ne paraissait plus songer à retenir la duchesse, celle-ci la quitta et alla rejoindre la Mozzelli, curieuse et charmée qu’elle était de se donner un divertissement de haut goût en suspendant la vengeance sur la tête de sa rivale. Elle n’était nullement jalouse de M. Mahoult, mais elle avait de la peine à pardonner à la Sofia d’avoir cru s’élever au-dessus d’elle par l’amour.

La Mozzelli entraînait son amant vers le salon, comptant sans doute l’y laisser le temps de congédier ses deux amies ; mais le jeune homme hésitait beaucoup à la suivre :

— Vous n’êtes pas seule, lui disait-il à voix basse ; je sais que vous n’êtes pas seule !

— Je serai seule tout à l’heure ; venez vite, répondait la Sofia.

Et comme Raoult Mahoult sentait la nécessité d’une prompte explication avec elle, il la suivit. Mais, au moment où ils entraient dans le rayon de lumière qui s’échappait des croisées du salon sur le feuillage du jardin, la duchesse parut et vint à eux, belle, sereine