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Page:Sand - Constance Verrier.djvu/190

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— Je vous crois ! Elle méprise l’amour et n’autorise qu’une sorte d’amitié…

— Pour Dieu ! laissons la duchesse en repos ! reprit Raoul avec impatience ; nous perdons un temps précieux à parler d’elle, et ce n’est pas d’elle qu’il s’agit.

— De qui s’agit-il ? voyons.

— Il s’agit de nous quitter sans retour, répondit Raoul, un peu endurci par le dépit de la Mozzelli.

— Je le vois bien ! reprit-elle avec un abattement qui le désarma. Dites-moi au moins pourquoi ! Essayez de me prouver que cela est inévitable comme de mourir !

— Cela est inévitable pour moi comme le devoir de vivre en honnête homme, ma chère Sofia. Je ne m’appartiens pas, j’appartiens à une femme que je dois préférer à toutes les autres.

— Ah ! oui, je sais ! Attendez ! reprit la Sofia retrouvant les forces de sa colère, vous avez dit cela à madame d’Évereux. On a dans sa vie un idéal, ce qui n’empêche pas…

— Ce que j’ai pu dire en thèse générale, je m’en souviens fort peu, et il est possible qu’en le répétant on l’ait beaucoup changé, faute de le bien comprendre. Je ne sais qu’une chose, c’est qu’avec vous je n’ai rien raisonné ; j’ai été dominé, et comme terrassé par les forces vives de la jeunesse. Je ne vous ai pas trompée ; je n’ai fait ni mensonges, ni promesses, ni déclamations pour vous persuader ; je ne vous ai pas obsédée de mes poursuites ; je n’ai pas surpris votre bonne foi.