Page:Sand - Constance Verrier.djvu/221

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tressaillit en l’entendant marcher sur le parquet, lui tendit la main sans se lever et le fit asseoir auprès d’elle. Ce n’était pas là l’embrassade maternelle qu’il avait reçue au départ, quatre ans auparavant ; mais la pauvre fille avait tant vieilli et tant souffert récemment, que son manque d’expansion pouvait être attribué à la fatigue.

Raoul remarqua que ses cheveux gris avaient blanchi entièrement depuis dix jours qu’il ne l’avait vue.

— Vous avez été brisée, vous l’êtes encore ! lui dit-il en baisant ses mains froides et sèches.

— Non, répondit-elle, ça va mieux ; ce ne sera rien, quant à moi. Constance aussi va mieux ; elle va venir. En voyant approcher l’heure de ton arrivée, elle a voulu s’habiller pour la première fois ; elle ne sait pas que tu l’as vue mourante, et elle prétend qu’elle ne veut pas que tu la trouves en costume de tombeau. Ce serait trop triste. Parlons bas, pour qu’elle ne se dépêche pas trop. Ça la fatiguerait.

— Ma tante, dit Raoul, à qui mademoiselle Verrier avait permis de lui donner ce titre dans ses lettres, que s’est-il donc passé ? voyons ! La vérité sur ce malheur qui a failli nous enlever Constance !

— La vérité ? répondit Cécile en le regardant en face : je t’attendais pour me la dire ! Je ne sais pas ce qui s’est passé, moi ! je n’y étais pas. À des mots extraordinaires qui ont échappé, dans les premières heures, à mademoiselle Sophie Mozzelli, j’ai cru devi-